Programme de salle Huit heures ne font pas un jour

    Huit heures ne font pas un jour

    DU 28 SEPTEMBRE AU 9 OCTOBRE

    DU LUNDI AU VENDREDI À 19h30, SAMEDI 1ER OCTOBRE À 14H, SAMEDI 8 OCTOBRE À 17h, DIMANCHE À 15H, RELÂCHE LE MARDI.
    Durée : PREMIÈRE PARTIE : 1h50 / DEUXIÈME PARTIE : 1h10 – GRANDE SALLE – DELPHINE SEYRIG

    DE
    Rainer Werner Fassbinder

    ÉPISODES 1 À 5

    MISE EN SCÈNE
    Julie Deliquet

    AVEC
    Lina Alsayed
    Monika, sœur de Jochen, épouse d’Harald et mère de Sylvia

    Julie André
    Käthe, fille de Luise, épouse de Wolf, mère de Jochen et Monika
    La cheffe d’atelier

    Éric Charon
    Wolf, mari de Käthe, père de Jochen et Monika Rüdiger
    Ouvrier

    Évelyne Didi
    Luise dite Mamie
    Grand-mère de Jochen et Monika, mère de Käthe et Klara

    Christian Drillaud
    Gregor, amant de Luise

    Olivier Faliez
    Harald, mari de Monika
    et père de Sylvia
    Guiseppe, ouvrier immigré

    Ambre Febvre
    Marion, petite amie de Jochen

    Zakariya Gouram
    Rolf, ouvrier
    Ernst, le nouveau contremaître

    Brahim Koutari
    Manfred, meilleur ami et collègue d’usine de Jochen, amour de jeunesse de Monika

    Agnès Ramy
    Irmgard, collègue de bureau et amie de Marion

    David Seigneur
    Franz, ouvrier

    Mikaël Treguer
    Jochen, fils de Käthe et de Wolf, frère de Monika

    Hélène Viviès
    Tante Klara, fille de Luise, sœur de Käthe
    Petra, ouvrière

    et en alternance AVEC
    Léa Aouchiche 
    Keyah Ido

    Sabrine Malou Mebarki

    Sylvia, fille de Monika et d’Harald  


    TRADUCTION
    Laurent Muhleisen

    COLLABORATION ARTISTIQUE

    Pascale Fournier
    Richard Sandra

    Version scénique
    Julie André, Julie Deliquet Florence Seyvos

    Scénographie
    Julie Deliquet, Zoé Pautet

    LUMIÈRE
    Vyara Stefanova

    COSTUMES
    Julie Scobeltzine

    COIFFURES, PERRUQUES
    Judith Scotto

    RÉGIE GÉNÉRALE
    Léo Rossi-Roth

    RÉGIE PLATEAU
    Rachid Bahloul
    Sami El Masri

    RÉGIE LUMIÈRE
    Sharron Printz

    RÉGIE SON
    Pierre De Cintaz

    MACHINERIE, ACCESSOIRES
    Sylvain Augé
    Juliette Mougel

    HABILLAGE
    Nelly Geyres
    Florence Tavernier
    Ornella Voltolini

    RÉGIE COIFFURES, PERRUQUES
    Maurine Baldassari
    Judith Scotto

    Le décor a été réalisé dans les ateliers du Théâtre Gérard Philipe, sous la direction de François Sallé. 

    Les œuvres de Rainer Werner Fassbinder sont représentées par L’ARCHE – agence théâtrale. L’intégralité des huit épisodes de l’œuvre Huit heures ne font pas un jour est publiée par L’ARCHE Éditeur, www.arche-editeur.com © L’Arche, 2021.

    Production Théâtre Gérard Philipe, centre dramatique national
    de Saint-Denis.
    Coproduction La Comédie, centre dramatique national de Reims ; TnBA, Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine ; La Coursive, scène nationale de la Rochelle ; Théâtre Joliette, scène conventionnée de Marseille.
    Avec le soutien de L’École supérieure d’art dramatique de la Comédie de Saint-Étienne / DIESE #Auvergne-Rhône-Alpes.

    Extrait de l’entretien avec Olivia Burton

    Quelle est la genèse de cette nouvelle création ?

    C’est le fruit de hasards convergents. Je venais de monter Un conte de Noël, d’après le film d’Arnaud Desplechin et j’étais à la recherche du projet suivant. Je rêvais d’une grande œuvre plus politique, moins familiale, mais aussi porteuse d’utopie. C’était avant la pandémie. Ce sont les éditions de l’Arche qui m’ont parlé de Huit heures ne font pas un jour, une série télévisuelle de Rainer Werner Fassbinder découverte à l’occasion d’une rétrospective à la cinémathèque : une pépite !

    Le milieu ouvrier, les grandes luttes du monde contemporain, l’intergénérationnel… Tous ces motifs correspondaient à des envies plus ou moins conscientes. J’étais en train de postuler pour le TGP, dans un territoire avec une histoire ouvrière forte. Je voulais aussi une œuvre plus européenne, moins franco-française. Par ailleurs je venais de suivre pendant quatre ans une promotion de jeunes acteurs à l’École nationale de Saint-Étienne. Le fait que les héros aient vingt ans me permettait d’engager certains de ces jeunes comédiens. 


    En quoi consiste l’œuvre originale ?

    Fassbinder accepte la commande de la série familiale faite par la télévision pour pouvoir toucher un public qui ne va pas voir ses films au cinéma ni ses pièces au théâtre. Mais pour la première fois, il situe le récit en milieu ouvrier. Celui-ci représente à cette époque la moitié des actifs en RFA où le parti communiste est interdit. À travers l’histoire d’amour d’un jeune couple, on suit l’unité d’une usine d’outillage qui va vivre les premières heures de l’autogestion. Fassbinder a voulu présenter un modèle positif de solidarité et d’engagement pour émanciper le peuple. Il a d’ailleurs été attaqué par l’extrême gauche qui voyait là une fable totalement irréaliste, une sorte de bonbon emballé. Or cette forme de naïveté est la force de l’œuvre, qui touche à l’enfance, à la puissance du jeu qui fait faire à ces gens de grandes choses.

    Les personnages ne sont pas des héros. Ils essaient, ils échouent et ils rebondissent. Dans cette galerie de portraits d’une humanité totale, les femmes sont les têtes pensantes, ce sont elles qui donnent les idées aux garçons, de manière très maligne. Cette solidarité existe aussi entre les générations : celle qui a vécu la guerre et qui veut reconstruire, accéder à la consommation mais aussi la première génération des baby-boomers née dans les années 1950 qui a envie de changer le monde.


    Quel est l’écho de cette œuvre aujourd’hui ?

    Monter cette histoire située dans les années 1970, avec son côté un peu suranné, permet de livrer non pas un miroir, car l’époque a changé, mais une fable qui nous sert d’exemple. Il s’agit de reprendre espoir ensemble. Tout seul on ne peut rien. On l’a bien vu pendant la pandémie, ici à Saint-Denis : la solidarité et l’intelligence collective pour répondre aux problèmes étaient extraordinaires. Il y a eu partout des héros qui ont tenu car ils ont agi ensemble. 

    Chez Fassbinder, la lutte ne vient pas d’une grande idée intellectuelle a priori. Elle émerge de difficultés concrètes, à échelle humaine. Contre tout misérabilisme, il fait de l’union et de la force de l’imagination des armes pour ne plus subir. Les solutions peuvent d’ailleurs être illégales, ce qui rend les personnages très irrévérencieux et très drôles : ils sont joueurs et un peu fous, mais jamais seuls. Ils tentent de construire un nouveau monde, sans savoir si ce monde va tenir. On sait bien que les années 1970 n’ont pas révolutionné notre société mais elles l’ont réinterrogée. À nous de reprendre le relais de ce questionnement.

    Quels ont été vos choix pour l’adaptation ?

    Laurent Mulheisen a fait une traduction très soignée des cinq épisodes, en gardant la base des dialogues, qui sont écrits comme des scènes. Le travail ensuite a consisté à réduire cette matière foisonnante à trois heures de spectacle. Avec Julie André, comédienne et collaboratrice artistique et Florence Seyvos qui est romancière et scénariste, nous avons procédé un peu comme Claude Sautet, avec des post-it et des codes couleur, pour identifier les thèmes et les grands trajets. On a choisi une ligne majeure, l’action par l’usine, sur laquelle on pouvait greffer les histoires familiales.

    Fassbinder tourne à Cologne où il fait un travail anthropologique tout en saturant les couleurs, en mêlant le vrai et le faux. Pour transposer tout cela sur scène, est venue l’idée d’une pièce à vivre des ouvriers, un espace unique où, après le travail, autour d’une bière, ils fabriquent des idées qui vont changer le cours de leur vie. Ce lieu peut se transformer en bar, en chambre ou en cantine. Cela s’apparente à la salle de répétition où tous les corps de métiers travaillent ensemble à ce que le spectacle se présente un soir, face à des gens.


    C’est la troisième fois que vous adaptez une œuvre cinématographique au théâtre.
    En quoi le cinéma vous inspire-t-il ?

    J’ai fait du théâtre dès l’enfance puis des études de cinéma. J’ai cette double culture-là. Mais j’aime l’artisanat du théâtre et l’expérience humaine avec les acteurs. Je ne fais pas de différence dans mon travail entre un scénario, une pièce ou une écriture de plateau. Mais je choisis des scénarios qui m’appellent au théâtre par la force de leurs dialogues. C’est l’oralité qui me plaît. Et puis comme en documentaire, où l’on filme beaucoup avant de trier et monter, je répète énormément. Chaque jour on teste une structure d’une heure ou une heure trente.


    Pour vous, quels sont les défis nouveaux dans ce projet ?

    Dans mes précédents spectacles, la place de l’intime et de la scène privée dans les œuvres étaient très fortes. Mon travail consistait à créer des scènes collectives. Ici c’est l’inverse. Tout l’enjeu est de trouver l’équilibre entre le rôle du groupe dans le passage à l’action des uns et des autres et le relief de l’individu. Chacun doit pouvoir trouver sa place et en même temps accepter de la reperdre quelques secondes après, pour mieux la retrouver plus tard et se réinventer. On assiste à des métamorphoses des personnages, au présent, entre le temps du travail et celui de la maison. De ce fait, il faut aux acteurs cette naïveté de l’enfant qui décide de jouer et commence immédiatement.

    Comment avez-vous constitué votre distribution ?

    Elle rassemble plusieurs générations : des acteurs comme Évelyne Didi et Christian Drillaud qui ont vécu ces heures des années 1970 notamment au Théâtre National de Strasbourg ; les jeunes de l’école de Saint-Étienne qui représentent une génération en pointe sur de nouvelles luttes mais commencent le métier dans des circonstances difficiles. Et au milieu, le Collectif In Vitro avec lequel nous avons repris les questions posées par la génération précédente, à travers le travail en collectif et l’écriture de plateau. Nous sommes peut-être moins frontalement politisés, mais nous nous sommes faits tout seuls, par le travail. On est devenus forts, ensemble.

    Propos recueillis par Olivia Burton, juin 2021

    Rainer Werner Fassbinder


    Dès son plus jeune âge, Fassbinder se passionne pour le cinéma, et cela grâce à sa mère qui a besoin de calme à la maison pour ses travaux de traduction. Il dira plus tard que « le cinéma a été la famille que je n’ai jamais eue.».
    Il débute sa scolarité dans une école Rudolf Steiner et fréquente les lycées de Munich et Augsbourg, ville de Brecht. Il interrompt ses études avant son baccalauréat et essaie d’intégrer l’École supérieure de cinéma de Berlin, mais est refusé à ce concours d’entrée. Puis, il se décide à prendre des leçons d’art dramatique où il fait la rencontre d’Hanna Schygulla, qui deviendra sa principale actrice et le fera s’intéresser au théâtre.
    En 1965, il tourne son premier court-métrage, Le Clochard, alors qu’il n’est âgé que de 20 ans.
    En 1967, Fassbinder rejoint la troupe de théâtre de l’Action-Theater. Il met en scène, joue et adapte des pièces d’esprit contestataire pour un groupe de jeunes comédiens professionnels, parmi lesquels Peer Raben et Kurt Raab, qui seront les personnes clés de son futur noyau de production cinématographique.
    En 1968, il fonde la troupe l’Antiteater, pour laquelle il écrit et met en scène ses pièces.
    Les années 1969-1976 représentent la période la plus prolifique de Fassbinder. Avec une carrière théâtrale de premier rang (des mises en scène à Munich, Berlin, Hambourg et Francfort-sur-le-Main, – où il dirige pendant deux ans le Theater am Turm -) et la production importante de films, de téléfilms et d’adaptations.
    La télévision est pour lui un moyen de toucher le public autrement, par le divertissement et l’émotion, facilitant la réflexion et le débat sur des sujets complexes. Réalisateur très controversé, et connu notamment pour son anticonformisme, il s’inscrit dans la lignée des acteurs majeurs du Nouveau Cinéma allemand des années 1960-1970, aux côtés de Wim Wenders et Werner Herzog.
    Soucieux de mettre en avant ceux que la société exclut, il dépeint les conditions d’existence des prolétaires, des travailleurs immigrés, des femmes et des homosexuels. Au théâtre, il emprunte l’oralité des dialogues et le rapport au corps de l’acteur, caractéristiques d’une esthétique singulière, qui déjoue sans cesse l’hyperréalisme de l’image cinématographique.
    Fassbinder, à 27 ans, réalise la série Huit heures ne font pas un jour. Il y traite de la lutte heureuse, de la résistance pacifique, de la solidarité intelligente, de l’utopie en marche, avec pour valeurs principales la défense ouvrière, l’émancipation féminine, la dignité du troisième âge et la lutte pour les droits des enfants.

    Julie Deliquet 

    Après des études de cinéma et à l’issue de sa formation au Conservatoire de Montpellier puis à l’École du Studio Théâtre d’Asnières, Julie Deliquet poursuit sa formation à l’École internationale de théâtre Jacques Lecoq. Elle crée le Collectif In Vitro en 2009 et présente Derniers Remords avant l’oubli de Jean-Luc Lagarce (2e volet du Triptyque « Des années 70 à nos jours… ») dans le cadre du concours Jeunes metteurs en scène du Théâtre 13, elle y reçoit le prix du public. En 2011, elle crée La Noce de Bertolt Brecht (1er volet du Triptyque) au Théâtre de Vanves puis au 104 dans le cadre du Festival Impatience, puis en 2013, Nous sommes seuls maintenant, création collective et 3e volet du Triptyque. Le Triptyque est repris en version intégrale au Théâtre de la Ville et au Théâtre Gérard Philipe, centre dramatique national de Saint-Denis dans le cadre du Festival d’Automne à Paris 2014. En 2015, elle met en scène Gabriel(le), pour le projet « Adolescence et territoire(s) » à l’initiative de l’Odéon – Théâtre de l’Europe, et crée Catherine et Christian (fin de partie), épilogue du Triptyque, au Théâtre Gérard Philipe, centre dramatique national de Saint-Denis dans le cadre du Festival d’Automne à Paris 2015. En septembre 2016, elle met en scène Vania d’après Oncle Vania d’Anton Tchekhov à la Comédie-Française. Elle crée Mélancolie(s) en octobre 2017 d’après Les Trois Sœurs et Ivanov d’Anton Tchekhov au Théâtre de Lorient, centre dramatique national de Bretagne et repris au Théâtre de la Bastille dans le cadre du Festival d’Automne à Paris 2017. 

    En 2019, Julie Deliquet crée Fanny et Alexandre d’Ingmar Bergman à la Comédie-Française, réalise un court-métrage, Violetta, dans le cadre de la 3e scène de l’Opéra de Paris, sorti en salle pendant la pandémie sous le titre Celles qui chantent au côté des films de Sergei Loznitsa, Karim Moussaoui et Jafar Panahi. Ce programme de films devait être présenté en Sélection Officielle au Festival de Cannes 2020. À l’automne 2019, elle crée Un conte de Noël d’Arnaud Desplechin à la Comédie de Saint-Étienne, centre dramatique national. Le spectacle est repris à l’Odéon – Théâtre de l’Europe dans le cadre du Festival d’Automne à Paris 2019. Julie Deliquet est marraine de la promotion 29 de l’École supérieure d’art dramatique de la Comédie de Saint-Étienne et crée avec eux une écriture de plateau Le ciel bascule en juin 2020. 

    En mars 2020, Julie Deliquet prend ses fonctions de directrice du Théâtre Gérard Philipe, centre dramatique national de Saint-Denis. 

    En 2021, elle crée Huit heures ne font pas un jour de Rainer Werner Fassbinder au Théâtre Gérard Philipe, centre dramatique national de Saint-Denis et y co-met en scène en 2022 Fille(s) de aux côtés de Lorraine de Sagazan, Leïla Anis et les actrices du Collectif In Vitro. Elle crée la même saison avec la troupe de la Comédie-Française, Jean-Baptiste, Madeleine, Armande et les autres… d’après Molière, salle Richelieu.

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