Programme de salle Les Femmes de la maison

    LES FEMMES DE LA MAISON

    TEXTE ET MISE EN SCÈNE Pauline Sales

    Du 11 au 22 mai 2022

    lundi au vendredi à 20h, samedi à 18h,  dimanche à 15h30
    relâche le mardi 
    Durée : 2h — SALLE Roger Blin

    AVEC 
    Olivia Chatain
    Anne Cressent
    Vincent Garanger
    Hélène Viviès

    SCÉNOGRAPHIE 
    Damien Caille-Perret

    LUMIÈRE 
    Laurent Schneegans

    SON
    Fred Bühl

    COSTUMES 
    Nathalie Matriciani

    COIFFURE, MAQUILLAGE
    Cécile Kretschmar

    Administration et production Agnès Carré

    Chargée de production Clémence Faravel

    Diffusion et production  Olivier Talpaert – En votre Cie

    Presse pour la compagnie à l’Envi Olivier Saksik

    Le texte est publié aux éditions Les Solitaires Intempestifs.

    Production À L’Envi ; Comédie, Centre dramatique national de Reims ; Les Quinconces-L’espal, scène nationale du Mans ; Le Théâtre de l’Éphémère, Scène conventionnée pour les écritures théâtrales contemporaines, Le Mans ; la Comédie de Saint-Étienne, Centre dramatique national.

    La compagnie À L’Envi est conventionnée par la DRAC Île-de-France.

    Entretien avec Paulines Sales

    Quelle est la genèse de cette pièce ?
    Je voulais écrire pour ces trois actrices et cet acteur-là, et parler du moment crucial que nous traversons aujourd’hui dans l’histoire du féminisme. 

    L’étincelle fut la visite de l’exposition Women House au musée de la Monnaie de Paris en 2018. J’y ai découvert un événement qui eut lieu en 1972 en Californie, une exposition intitulée Womanhouse, dirigée par Judy Chicago et Myriam Schapiro, deux artistes plasticiennes. Considérée comme la première exposition féministe mondiale, elle présentait dans les différentes pièces d’une maison, des œuvres plastiques questionnant le lien entre les femmes et l’univers domestique. 

    Ainsi j’ai eu envie d’écrire une pièce bâtie sur plusieurs époques, les années 1950, les années 1970 et les années 2020, pour mettre en perspective les débats féministes actuels. Car quand je discute avec des jeunes femmes très investies dans des mouvements militants, j’ai parfois la sensation qu’elles oublient les combats du passé. J’assume toutefois de ne pas être historienne et de faire une traversée qui reste libre et fictionnelle. 

    Quelles sont les autres femmes artistes qui vous ont particulièrement inspirée ?
    En plongeant dans les années 1950, je me suis rendu compte qu’il y eut à l’époque beaucoup de femmes artistes qui vécurent des vies d’une grande liberté, aussi bien sexuellement que dans leur art. Une biographie de la photographe Germaine Krull m’a beaucoup marquée. Elle disait que « la vie mène la danse ». Je crois que peu de gens, même de nos jours, ont la liberté d’accepter de se laisser guider à ce point par la vie et ses surprises. On dirait d’elle aujourd’hui qu’elle était pansexuelle : hommes ou femmes, elle aimait avant tout des personnes, quel que soit leur sexe. J’ai trouvé dans cette biographie une anecdote magnifique dont je me suis servi : jeune femme, Germaine Krull rencontre le réalisateur Joris Ivens qui tombe follement amoureux d’elle. À tel point que, lorsqu’elle vit une passion avec le photographe Éli lotar, Joris lui propose de l’épouser puis de s’en aller. Elle est allemande, dans la France juste avant la guerre, et il veut la protéger. J’ai ajouté le fait qu’il lui offre une maison, avec un laboratoire pour ses photos. 

    Et pour les années 2020 ?
    Il y eut la rencontre avec l’œuvre de Paul B. Preciado, et notamment Un appartement sur Uranus, un livre puissant, tant du point de vue littéraire que du changement de regard auquel il nous invite. J’ai aussi pensé à des souvenirs plus personnels puisque je mets en scène dans cette dernière partie trois écrivaines en résidence d’écriture. Enfin j’ai puisé dans les discussions que je peux avoir avec des militantes et dans les questions qu’elles soulèvent.

    Quelles sont ces questions ?
    Ce qui se joue est, me semble-t-il, très lié à une histoire de vocabulaire : de nouveaux termes sont apparus dernièrement pour nommer les différences et les assignations. Les jeunes femmes engagées dans ces mouvements militants font très attention à l’usage de ce vocabulaire et les générations plus âgées peuvent avoir la sensation d’une censure, en tous cas d’une surveillance. C’est délicat car je souscris aux combats mais je ne peux pas utiliser tous les termes en question, ils ne me sont pas entièrement propres. Et j’ai parfois l’impression qu’ils peuvent être excluant face à des gens qui ne les possèdent pas et qui partagent pourtant ces points de vue. Ainsi dans la troisième partie de la pièce, les jeunes femmes ne cessent de corriger le personnage de Florence – qui serait une sorte de parodie de moi-même ! Dans les représentations qu’on a faites jusqu’ici, on sent bien que Florence soulage beaucoup les gens et en exaspère certains. Elle est drôle parce qu’elle dit des choses qui peuvent être considérées comme des énormités aujourd’hui. 

    Cet écart est parfois difficile à vivre mais il est passionnant. Les femmes sont en train de gagner des combats très importants et il faut se parler de génération à génération, avec nos différences.

    Quelle est votre propre évolution à l’égard du féminisme en tant qu’artiste ?
    La question de la féminité, qui n’est pas tout à fait la même chose que le féminisme, a toujours été au cœur de mes pièces. Ensuite, la vie m’a menée en 2008 à me présenter à la direction d’un théâtre, le centre dramatique national de Vire, avec Vincent Garanger. C’est grâce à l’action déterminante de Reine Prat, inspectrice au sein du ministère de la Culture, qui appela les femmes artistes à postuler à des postes de direction. De fait, avant cela, je n’avais jamais eu l’idée d’une telle candidature. Si je me suis présentée en binôme c’est que je voulais garder du temps pour écrire et pour ma vie privée. Arrivée au poste de direction du centre dramatique, j’ai eu une vision plus féministe de la place des femmes au théâtre mais je ne me suis jamais investie dans une association militante.

    Comment avez-vous abordé l’écriture du seul personnage masculin de la pièce ?
    Je voulais m’éloigner des clichés et que ce soit un personnage en creux. Il traverse la pièce sans toujours saisir ce qui lui arrive. Dans les années 1950, il impose des règles dans la maison et les femmes suivent. Dans les années 1970, les femmes ne suivent plus parce qu’elles apprennent le sens du collectif. Enfin dans les années 2020, il devrait être mort depuis longtemps, mais comme il représente aussi le patriarcat, il est un peu immortel ! C’est alors un très vieux monsieur qui ne comprend plus sans doute comment le monde tourne.

    Outre les rapports de genre, vous scrutez également les rapports de classe…

    En traitant seulement de femmes artistes, j’aurais eu l’impression d’un entre-soi insupportable. Il fallait que des gens qui n’ont rien à voir avec l’aventure de cette pièce puissent être tout d’un coup attrapés et intéressés. À travers les personnages de femmes de ménage, une autre classe sociale est ainsi présente et rend compte du décalage qui peut exister entre les artistes et les autres : ces femmes qui sont dans le matériel en permanence et ce faisant, savent beaucoup de choses du monde, des êtres, de l’humain, ont un regard sur ces artistes et sur ce qu’elles produisent, qu’elles ne comprennent pas nécessairement. C’est là que des écarts sociaux et humains peuvent primer sur la solidarité féminine. 

    Quels furent les enjeux de la mise en scène ?
    Le pari, c’est qu’il y a trois comédiennes pour interpréter treize rôles de femmes et faire exister une forme de continuité souterraine entre ces générations. J’aime bien l’incarnation au théâtre, je trouve beau qu’on puisse croire à la réalité des personnages et à cette histoire, même si on sait bien qu’on est au théâtre, puisqu’on va voir ces actrices se transformer de personnage en personnage. On a donc beaucoup travaillé avec la costumière Nathalie Matriciani et la maquilleuse et coiffeuse Cécile Kretschmar pour créer des silhouettes très différentes d’une époque à l’autre. On a aussi cherché trois théâtralités et types d’adresse au public différentes. 

    Enfin l’humour me semble essentiel. Il réveille le spectateur et constitue une forme d’expression du doute. Finalement, il nous rassemble : jeunes, moins jeunes, femmes et hommes. Or je voulais que ce soit une pièce pour tous. 

    Propos recueillis par Olivia Burton, novembre 2021

    Pauline Sales

    Pauline Sales est comédienne, metteuse en scène et autrice d’une vingtaine de pièces éditées principalement aux Solitaires Intempestifs et à l’Arche. Elles ont entre autres été mises en scène par Jean Bellorini, Jean-Claude Berutti, Marie-Pierre Bésanger, Richard Brunel, Philippe Delaigue, Lukas Hemleb, Laurent Laffargue, Marc Lainé, Arnaud Meunier, Kheireddine Lardjam. Plusieurs de ses pièces sont traduites et ont été représentées à l’étranger.

    De 2002 à 2007, elle est autrice associée à la Comédie de Valence, centre dramatique national de Drôme – Ardèche, avant de prendre pendant dix ans la direction, avec Vincent Garanger, du Préau, centre dramatique national de Normandie – Vire où ils mènent de 2009 à 2018 un travail de création principalement axé sur la commande aux auteurs et aux metteurs en scène. Ils créent également le festival Ado, novateur dans le paysage théâtral français. Aujourd’hui, Pauline Sales continue sa démarche d’écrivaine et de metteuse en scène dans le cadre de la compagnie À L’Envi. Après En travaux et J’ai bien fait ?, elle met en scène Normalito, spectacle tout public créé en février 2020 à Am Stram Gram avant de se lancer dans la création des Femmes de la maison. Elle fait partie de la coopérative d’écriture qui réunit treize écrivains français et propose diverses expériences d’écriture.

    Sa nouvelle création En prévision de la fin du monde et de la création d’un nouveau s’est jouée du 28 mars au 6 avril 2022 aux Plateaux Sauvages.

    La compagnie À l’Envi

    Après l’aventure de la direction du Théâtre du Préau, centre drmatique national de Normandie à Vire de 2009 à 2018, Pauline Sales et Vincent Garanger fondent début 2019 la compagnie À L’Envi, implantée à Paris. Une compagnie dirigée par un acteur et une autrice, centrée sur les écritures contemporaines, avec la volonté d’un théâtre qui parle directement aux gens d’aujourd’hui. Rendre sensible nos humanités dans toutes leurs complexités et leurs contradictions constitue un axe de recherche pour leur travail d’écriture et d’incarnation. 

    Riche des multiples expériences d’irrigation du territoire menées à Vire, une attention particulière est accordée par la compagnie aux actions artistiques et culturelles qui accompagnent chacune de ses créations. 

    Le spectacle J’ai bien fait ? texte et mise en scène de Pauline Sales est en tournée jusqu’en mai 2019, puis au printemps 2020. 

    Le spectacle George Dandin ou le mari confondu de Molière mis en scène de Jean-Pierre Vincent avec Vincent Garanger dans le rôle-titre est en tournée de septembre à décembre 2019. 

    Normalito, spectacle jeune public, écrit et mis en scène par Pauline Sales, créé au Théâtre Am Stram Gram de Genève et repris au 11 Belleville au festival d’Avignon Off 2021 est en tournée jusqu’en 2024.

    Les Femmes de la maison écrit et mis en scène par Pauline Sales, créé en janvier 2021 au Mans est en tournée et est représenté au Théâtre Gérard Philipe, centre dramatique national de Saint-Denis en mai 2022.

    En prévision de la fin du monde et de la création d’un nouveau, spectacle à destination d’un public adolescent, écrit et mis en scène par Pauline Sales est créé en mars 2022.

    Mon Visage d’insomnie de Samuel Gallet mis en scène par Vincent Garanger, est repris en juin 2022.

    La compagnie À L’Envi est conventionnée par le ministère de la Culture. 

    Autour du spectacle 

    Dimanche 15 mai
    → Garderie-atelier pour les enfants de 6 à 10 ans
    Pendant que les parents assistent à un spectacle, les enfants participent à un atelier de pratique théâtrale animé par Raphaël Hornung, comédien de la compagnie pour ainsi dire.
    Tarif : 10 € par enfant – Uniquement sur réservation : 01 48 13 70 00

    → Rencontre avec l’équipe artistique, à l’issue de la représentation, modérée par Anne-Laure Benharrosh, enseignante et chercheuse en littérature

    Informations pratiques

    NAVETTES RETOUR

    La navette retour vers Paris
    Du lundi au vendredi, une navette est mise en place à l’issue de la représentation, dans la limite des places disponibles.

    Elle dessert les arrêts :
    Porte de Paris (métro ligne 13), La Plaine Saint-Denis, Porte de la Chapelle, La Chapelle, Stalingrad, Gare du Nord, République, Châtelet
    Tarif : 2 €.
    Réservation à la billetterie avant le spectacle.

    La navette dionysienne
    Le jeudi, si vous habitez à Saint-Denis, une navette gratuite vous reconduit dans votre quartier. Merci de réserver au 01 48 13 70 00 ou à la billetterie avant le spectacle.

    LE RESTAURANT « CUISINE CLUB »
    est ouvert une heure avant et après les représentations et tous les midis en semaine.
    Réservation conseillée : 01 48 13 70 05.

    LA LIBRAIRIE DU THÉÂTRE
    est ouverte avant et après les représentations.
    Le choix des livres est assuré par la librairie La P’tite Denise de Saint-Denis.
    Un vestiaire gratuit est à votre disposition.

    Aller au contenu principal