Programme de salle Danse « Delhi »

    Danse « Delhi »

    DE Ivan Viripaev
    TRADUCTION Tania Moguilevskaia et Gilles Morel
    MISE EN SCÈNE Gaëlle Hermant

    AVEC
    Christine Brücher La mère 
    Manon Clavel Catherine
    Jules Garreau Andreï
    Kyra Krasniansky EN ALTERNANCE AVEC Lina Alsayed L’infirmière
    Marie Kauffmann Olga
    Laurence Roy La femme âgée
    Viviane Hélary Musicienne

    CRÉATION MUSICALE Viviane Hélary
    DRAMATURGIE Olivia Barron
    SCÉNOGRAPHIE Margot Clavières
    LUMIÈRE ET RÉGIE GÉNÉRALE Benoît Laurent
    SON Léo Rossi-Roth
    COSTUMES Noé Quilichini
    RÉGIE SON Léo Rossi-Roth EN ALTERNANCE AVEC Jérémie Tison

    Coproduction Théâtre Gérard Philipe, centre dramatique national de Saint-Denis ; La Criée – Théâtre National de Marseille ; Théâtre Eurydice – ESAT de Plaisir (Compagnie associée).
    Avec le soutien du ministère de la Culture (DRAC Île-de-France) (aide à la création) ; de la Région Île-de-France (aide à la création en fonctionnement) ; de la Spedidam ; du CENTQUATRE-PARIS et de L’École de la Comédie de Saint-Étienne / DIESE# Auvergne-Rhône-Alpes.
    Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National.

    Les traductions des textes d’Ivan Viripaev sont publiées aux éditions Les Solitaires Intempestifs.
    Titulaire des droits Henschel SCHAUSPIEL Theaterverlag Berlin GmbH.
    Agent de l’auteur pour l’espace francophone Gilles Morel.

    Entretien avec Gaëlle Hermant

    Pourquoi avoir choisi une pièce d’Ivan Viripaev, dont l’écriture est résolument contemporaine, poétique et non réaliste, où la sonorité et le rythme de la langue sont aussi importants que son contenu ?

    Ivan Viripaev écrit à voix haute, il dit lui-même qu’il compose ses textes comme des partitions musicales. C’est un metteur en scène, un dramaturge et un acteur, il ne laisse rien au hasard et a vraiment conscience du plateau dans son écriture. C’est un travail d’orfèvre où il existe des mouvements de pensée, des variations. J’ai eu un choc à la première lecture de la pièce, tant sur sa construction que sur son propos. C’est la première fois que je me suis sentie si rapidement en accord avec un texte contemporain. J’ai aussi beaucoup aimé le rapport que Viripaev instaure avec le spectateur en lui distillant des indices au fur et à mesure des sept séquences. Cela permet de le garder sur le qui-vive, de le faire avancer en même temps que l’action sur scène. J’ai été émerveillée de voir à quel point il réussit à amener le drame et le vécu quotidien de la perte d’un être cher, à des endroits qui deviennent tragi-comiques. La comédie n’est jamais aussi drôle que quand elle est rattachée au drame. La structure de l’écriture est un peu folle, les thèmes traversés sont infinis et pour moi l’enjeu de mettre les comédiens dans un huis-clos, était de placer des humains au centre du plateau.

    Les sept pièces forment une partition et une palette en tonalités musicales et colorées. Vous-même parlez de « théâtre musical ». Comment avez-vous mis en place les décors et orchestré la présence sur scène de la musicienne Viviane Hélary, qui est en quelque sorte le septième personnage ?

    Danse « Delhi » est le troisième spectacle sur lequel je travaille avec Viviane Hélary. Nous créons ensemble la musique, en échangeant des références. Ici, comme la pièce d’Ivan Viripaev est déjà une partition musicale, je souhaitais que l’on entende le texte, les mouvements de la pensée avec ses variations. Je n’avais pas envie d’y superposer de la musique qui viendrait ajouter du pathos. Je lui ai donc proposé de faire un album en sept variations avec un morceau qui ouvre chaque pièce. Émotionnellement, la musique nous parvient très vite et nous transporte. Puis, avec le texte, l’émotion fait son chemin, intellectuellement. Je souhaitais montrer la confrontation des deux, comment l’écho de la musique se retrouve ensuite dans le silence, quand nous sommes resserrés sur le sens des mots. Ces morceaux sont aussi construits comme des respirations oniriques, pour rouvrir et repartir sur chaque nouvelle pièce. J’avais envie dans la scénographie, que nous passions d’un espace de concert à une salle d’attente, et de donner une transparence de jeu de l’un à l’autre. Viviane compose des motifs en direct, d’autres sont enregistrés puis réintégrés aux morceaux joués. Elle se sert de plusieurs instruments, dont un violon avec des pédales d’effets et un thérémine – qui vient apporter un caractère d’étrangeté dans la composition électronique. Ce n’est pas un septième personnage à proprement parler, le rôle n’est pas écrit, mais plutôt une confrontation entre la musicalité de cette écriture théâtrale et une écriture musicale. La musicienne est sur scène, derrière un mur coloré, sa présence est organisée comme un concert, chaque morceau teinté de lumières. Je voulais que la scénographie reste assez intemporelle et trouver en même temps une structure qui permette des variations. Nous avons travaillé sur un espace géographique qui reste fixe dans les sept pièces, un labyrinthe d’hôpital avec une circulation précise, une transparence des murs qui montre l’arrière-plan dans des effets de flou et de couleurs, dans lequel les comédiens et les accessoires alternent. C’est leur jeu, leur état qui fait varier l’espace de l’intérieur.

    Dans les sept pièces, les personnages prennent tour à tour la place du mort, s’échangent les mêmes dialogues… Comment avez-vous partagé les rôles et composé le jeu avec les comédiens ?

    Quand je lis une pièce, j’ai une vision des personnages et je tente de trouver des personnalités qui se rapprochent fortement des rôles. J’essaye au départ de conduire les acteurs à un endroit de vérité, de sincérité, de lâcher prise dans ce qu’ils sont par rapport au rôle, et je construis à partir de là. Après un premier décryptage minutieux du texte avec la dramaturge, est venu un énorme travail à la table de déchiffrage musical de la partition, des pauses, des ponctuations, du traitement d’un tiret ou d’une virgule… nous avons entamé ce travail de lecture et d’analyse avec l’équipe, ce qui a rouvert énormément les choses, chacun ayant des perceptions différentes. Cette multiplicité des réponses était justement ce que nous voulions atteindre. L’intention était d’ouvrir des questionnements et de laisser le spectateur appréhender la scène avec son propre vécu, ses douleurs et ses expériences. Nous avons ensuite donné du corps à ces personnages qui sont dans la salle d’attente d’un hôpital, mais qui sont tout sauf en attente. Ils sont en fait toujours tendus, en alerte, en éveil. Le corps n’est pas en repos, il est tourné vers quelque chose, concentré, et nous avons beaucoup travaillé sur cet état du corps.

    Les corps sont en effet vecteurs de mouvements et d’émotions. Sur scène, dans cette danse effrénée qu’est la vie moderne, comment a été conçue la chorégraphie des corps ?

    Le corps, l’humain est instinctif. Dans les situations de crise, les gens réagissent non seulement par la panique mais aussi par l’action. Je crois en cette humanité qui ressent et qui agit, qui n’est pas déconnectée de l’émotion. Nous avons autant travaillé sur l’intellect – pour comprendre la pensée des personnages – que sur comment retrouver au plateau des mouvements instinctifs, une gestuelle de situation. Dans le travail avec les acteurs, il s’agissait de savoir quel ressenti faisait bouger chaque personnage. La chorégraphie mise en place a apporté un jeu avec l’espace. Dans un lieu clos, le corps est restreint, ce qui peut provoquer de la panique, de la détresse autant physique que morale. Sur scène, le sentiment de panique peut vraiment faire tomber l’émotion dans le burlesque, il fallait donc trouver un équilibre. Cette danse nommée « Delhi » parle de douleur, de compassion, de comment on peut transformer cette douleur, la libérer par l’art et y trouver de la beauté. Derrière le rapport au corps, à l’autre, à la souffrance, la danse est partout en filigrane, bouleversant tous les protagonistes, les révoltant aussi parfois. Placer la danse au milieu de ces situations c’est aussi affirmer que le corps répond, ce qui est très beau. Dans un état de choc, le corps va produire un mouvement et la pensée un autre et c’est dans cet entre-deux qu’une vérité apparaît et les font se rejoindre. Ce qui est magnifique dans le choix de Viripaev de ne pas décrire cette danse est que chaque spectateur ou lecteur peut projeter son imaginaire, ses sensations, ses propres réponses. Des humanités singulières ont la possibilité d’apparaître.

    Propos recueillis par Malika Baaziz, octobre 2020


    Ivan Viripaev

    Ivan Viripaev, dramaturge, comédien, metteur en scène, pédagogue, acteur, scénariste et réalisateur de cinéma, est né à Irkoutsk (Sibérie) en 1974. Entre 2001 et 2015, il réside à Moscou où il s’impose comme une figure majeure du Nouveau drame russe. Il assure, de 2013 à 2015, la direction artistique d’une des trois scènes les plus innovantes à Moscou, le Praktika. Il a scénarisé et réalisé quatre longs métrages pour le cinéma. Depuis 2016, il vit avec sa famille à Varsovie où il met en scène les versions polonaises de ses textes. Régulièrement présent en Russie, il a écrit près de vingt pièces traduites et montées en plusieurs langues. Son oeuvre, au théâtre comme au cinéma, a été couronnée de nombreux prix internationaux. Il est le dramaturge contemporain russe vivant le plus présent sur les scènes francophones.

    Gaëlle Hermant

    Formée à l’École Claude Mathieu (promotion 2010), Gaëlle Hermant passe du jeu à la mise en scène. Elle met en scène en 2011 L’Atelier de Jean-Claude Grumberg dans le cadre du Festival Premiers Pas à la Cartoucherie (Paris). Elle joue dans Le monde e(s)t moi, mise en scène de Laure Rungette de 2012 à 2014. Elle suit le projet Atavisme de Brest à Vladivostok de Philippe Fenwick de 2011 à 2013. Elle est la collaboratrice artistique de Macha Makeïeff depuis 2015 : Trissotin ou Les Femmes savantes, La Fuite de Mikhaïl Boulgakov, Tartuffe de Molière (création en novembre 2021 à La Criée – Théâtre National de Marseille. Elle crée avec elle l’adaptation de Lewis versus Alice à La Fabrica au Festival IN d’Avignon 2019. De 2011 à 2018, elle a monté avec Jean Bellorini Le rêve d’un homme ridicule de Fédor Dostoïevski, projet adolescence et territoire de l’Odéon-Théâtre de l’Europe ; et avec la Troupe Éphémère du Théâtre Gérard Philipe, centre dramatique national de Saint-Denis : Antigone de Sophocle et 1793, création collective du Théâtre du Soleil.
    En 2014, elle met en scène Dites-moi qui je rêve, d’après Le Journal d’un fou de Nicolas Gogol, qu’elle joue au Théâtre de Belleville, au Théâtre Gérard Philipe, centre dramatique national de Saint-Denis dans le cadre d’Une semaine en compagnie, et à l’Espace Sorano de Vincennes.
    En 2016, elle assiste et dirige Christian Benedetti sur deux pièces de Sarah Kane, Blasted et 4.48 Psychose, au Théâtre Studio à Alfortville.
    En 2018, elle créé Le Monde dans un instant, écriture de plateau avec sa compagnie DET KAIZEN, dont elle est la directrice artistique. Le Monde dans un instant se joue à La Criée – Théâtre National de Marseille, au Théâtre Gérard Philipe, centre dramatique national de Saint-Denis et au Théâtre Studio à Alfortville.

    Autour du spectacle

    DIMANCHE 17 OCTOBRE
    RENCONTRE AVEC L’ÉQUIPE ARTISTIQUE
    À l’issue de la représentation, modérée parValérie Pihet, chercheuse en sciences humaines

    NAVETTES RETOUR
    La navette retour vers Paris
    Après chaque représentation, une navette est mise en place à l’issue de la représentation, dans la limite des places disponibles.
    Du lundi au vendredi, elle dessert les arrêts :
    Porte de Paris (métro, ligne 13), La Plaine Saint-Denis, Porte de la Chapelle, La Chapelle, Stalingrad, Gare du Nord, République, Châtelet
    Samedi 16 octobre et dimanche 17 octobre : dernier arrêt Gare du Nord

    Tarif : 2 €.
    Réservation à la billetterie avant le spectacle.

    La navette dionysienne
    Le jeudi, si vous habitez à Saint-Denis, une navette gratuite vous reconduit dans votre quartier.
    Merci de réserver au 01 48 13 70 00 ou à la billetterie avant le spectacle.

    LE RESTAURANT « CUISINE CLUB »
    est ouvert une heure avant et après la représentation et tous les midis en semaine.
    Réservation conseillée : 01 48 13 70 05.

    LA LIBRAIRIE DU THÉÂTRE
    est ouverte avant et après les représentations.
    Le choix des livres est assuré par la librairie Folies d’Encre de Saint-Denis.

    Un vestiaire gratuit est à votre disposition.

    Spectacle(s) lié(s)

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